Me revoilà !

Presqu’un an sans rien publier… Il faut dire que je n’avais pas grand chose de neuf à écrire par rapport aux articles précédents et puis là bam, dans 2 mois j’ai 40 ans alors ça mérite bien un petit bilan.

Même si de nombreuses femmes ont des enfants après 40 ans, pour moi, psychologiquement, c’est l’âge où la « fenêtre de tir reproductive » se ferme. Je sais depuis plusieurs années que je n’aurai pas d’enfant, je prends la pilule comme traitement hormonal et pourtant la quarantaine sonne pour moi comme un couperet. Douleurs au genou, premiers cheveux blancs, … le tout en période de Covid, je ne peux pas dire que je suis ravie de changer de dizaine ! Il parait que c’est le moment de faire un bilan de milieu de vie …

Et là je retrouve le sourire : je suis heureuse dans mon couple, heureuse du métier que je fais, heureuse de l’endroit où je vis ! Plus le temps passe et plus je savoure la liberté que me procure une vie sans enfant… (et je sais que les moments où j’ai le coeur gros ne durent désormais jamais longtemps)

Le plus difficile restait de me sentir si seule dans mon cas au milieu de tous les amis, collègues, voisins, … qui sont parents. Surtout pendant le confinement où chacun s’est concentré sur sa vie de famille.

Alors voilà quelques mois que j’ai créé un groupe sur Facebook nommé : Femmes sans enfant pétillantes. Il regroupe des femmes qui n’ont pas pu avoir d’enfant et qui sont résolues à être néanmoins aussi heureuses que possible ! Si c’est votre cas, n’hésitez pas à nous rejoindre… Faire partie d’une communauté, même virtuelle, est très réconfortant !

5 ans

Que j’ai ouvert ce blog, que nous avons mis un terme à des années de course au bébé, que nous avons définitivement renoncé à avoir un enfant.

J’aime bien faire des bilans alors c’est parti pour le bilan des 5 ans !

Pas de scoop ! Comme on aurait pu le prédire, y’a eu des hauts et des bas et ça va mieux avec le temps qui passe (désolée pour les truismes) !

Il reste des pincements au coeur, mais les projets d’enfant sont derrière nous.  Si on nous offrait une baguette magique ou une potion miracle, je leur dirai d’aller voir quelqu’un d’autre. Nous avons construit notre vie à deux, nous avons des projets de travaux, de voyage, de formation… Mon homme rêve de passer un CAP de menuisier, moi de proposer des ateliers créatifs, d’avoir un four de potier, … Il bricole, je dessine, je jardine, on marche avec notre toutou, on va au spectacle, au ciné, au resto. Je craignais le vide d’une vie sans enfant, j’ai plutôt du mal à trouver le temps de tout faire.

Bien sûr je fais de temps en temps une crise existentielle sur le thème « A quoi ça rime tout ça ? » … mais, même avec des enfants, personne n’y échappe me semble-t-il. Je me sens plutôt chanceuse quand je regarde autour de moi comme la vie peut être compliquée ou injuste.

Alors courage à ceux et celles qui doivent faire le deuil de la parentalité et arrivent sur mon blog : la vie continue et elle n’en est pas moins riche, juste différente du projet de départ !

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Visibilité

Nouvelle école, nouveaux collègues, présentations,… Tu viens d’où ? Mariée ? – oui ;  Des enfants ? – Non ;

Je suis la seule de l’école à ne pas avoir d’enfant. Heureusement pour moi leurs enfants sont ados et il est plutôt question de bac et de permis que de couches et d’allaitement.

Et moi je ne dis pas grand chose, je parle de ma filleule pour participer aux conversations… Le sujet a été abordé en aparté avec deux collègues sur le ton de la confidence, avec l’impression d’avouer quelque chose.

Et pourquoi sur le ton de la confidence ??? Je me sens impudique dès que j’en parle ! J’ai l’impression d’embarrasser les gens et pourtant j’ai envie d’en parler, de dire que je n’ai pas pu avoir d’enfants, que c’est parfois encore douloureux mais que sinon ça va bien merci ! On parle des célibataires qui n’en peuvent plus des histoires de prince charmant alors pourquoi pas des femmes sans enfant qui en ont assez des « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ». Pourtant il a bien été question de divorce, de décès, d’infection urinaire et j’en passe autour de la table ! Les problèmes de famille, d’argent, d’enfants, de santé, … ont été évoqués, alors pourquoi pas l’infertilité, la non-maternité ?

J’avais trouvé le chiffre de 30% de couples qui sortent de la PMA sans enfant. Mais où sont-ils ??? Les articles sur la PMA ne présentent que les miracles et les parcours du combattant finissent toujours par un happy end. J’aurais aimé rencontrer des femmes qui n’ont pas pu avoir d’enfants et qui en parlent librement, sans que cela soit tabou ou gênant.

J’ai l’impression de franchir une étape de plus dans mon histoire. Maintenant que je peux en parler sans trémolos dans la voix, sans être gagnée par l’émotion, maintenant que je peux me définir comme les américains le disent « childfree after infertility », j’ai envie de m’exprimer publiquement. Pas seulement au travers de ce blog que seules les personnes directement concernées vont trouver.

C’est un peu confus tout ça, mais je me sens énervée aujourd’hui, contre moi-même pour commencer ! Je n’ai pas de gêne ou de honte à avoir. Oui, la pma n’a pas marché pour moi, oui, on a décidé d’arrêter pour ne plus maltraiter mon corps et notre couple, oui, on n’a pas d’enfants, et alors ?

Le jour où un non à la réponse « Vous avez des enfants ? » ne déclenchera plus un blanc gêné, les femmes qui ne peuvent pas avoir d’enfants souffriront peut-être un peu moins.

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Bonne fête à toutes les femmes

Comme chaque année, je me colle au cadeau de fête des mères avec mes petits CP. Les semis de capucines ayant lamentablement échoué, je me suis rabattue sur une carte en accordéon, truffée de petits mots à compléter « maman tu es la meilleure parce que …, le meilleur moment avec ma maman c’est quand … »

Ils sont jolis leurs petits coeurs mais le moins qu’on puisse dire c’est que mes élèves ne m’ont pas trop fait rêver… A part un petit garçon rêveur qui aime « quand sa maman le tapote doucement avec son doigt en lui parlant de sa jolie voix », les autres trouvent que leur maman est la meilleure parce qu’elle fait bien bien les frites, qu’elle range bien leur chambre ou qu’elle leur achète les jouets qu’ils veulent. Sans parler de ceux qui me disent « J’ai pas d’idée » !

Demain c’est la fête des mères et je ne le vis plus de façon douloureuse. Je me sens plutôt énervée par cette glorification caricaturale de la maternité, en vue de faire acheter aspirateurs et bouquets de fleurs. Tant de femmes vont vivre cette journée avec amertume, celles qui ne peuvent en avoir, celles qui doivent sans cesse se justifier de ne pas en vouloir, celles qui ont perdu un enfant, toutes les mères qui vivent douloureusement la maternité, …

Alors bonne fête à toutes les femmes !

 

Childfree

Quand nous avons fait le choix d’arrêter la PMA, j’ai découvert sur le net la différence entre les « childless », les sans-enfants involontairement et les « childfree », les sans-enfants par choix.

Ces dernières années, j’ai été une childless, une femme en manque d’enfant. Il y avait un vide, une absence, que j’ai essayés de combler…

Par le parrainage : même si ce fut une formidable expérience, j’ai essayé de me bricoler un petit bout de famille, à temps partiel…

Par une injonction à la créativité : dans Epanouie avec ou sans-enfant, d’Isabelle Tilmant, elle insiste de nombreuses fois sur la fécondité pour les non-mères, qui sont artistes, écrivains, présidentes d’associations, … . Je devais produire, être créative, donner naissance à quelque chose, … Il me fallait un autre projet « à la place d’un enfant ».

Par la nourriture, …

Mais depuis quelques jours, j’ai l’impression de voir ma vie sous un nouvel angle. Façon révélation, lumière divine … Il est 9h, je suis dans ma salle à manger avec mon ordi et mon ricoré, je lis des articles sur les childfree, j’écoute de la musique, un rayon de soleil entre par la fenêtre de la cuisine. Et je ne me dis pas que je n’ai encore rien fait, je ne me dis pas que mes copines mamans doivent être en train de s’activer pour occuper les enfants, faire des lessives et prendre rendez-vous chez le pédiatre. Je me dis que j’ai la chance de pouvoir rester assise là, sans être dérangée, jusqu’à ce que je ressente l’envie de faire autre chose. Je n’ai ni obligation ni compte à rendre.

Plus que du manque, je suis en train de prendre conscience de l’extraordinaire liberté dont je dispose. Elle a toujours été là, mais j’ai l’impression que je viens seulement de la remarquer, toute occupée que j’étais à déplorer l’absence.

Je n’ai pas d’enfant certes, mais ça veut aussi dire que je n’ai pas les responsabilités, les obligations et l’anxiété qui vont avec !

Alors 4 ans après avoir fait la liste de mes regrets, voici en vrac la liste des avantages de ma vie de childfree (cela m’aurait encore été impossible il y a quelques temps, comme si voir le côté positif de ne pas avoir d’enfants était le signe que je ne les avais pas voulus assez fort).

Je dors en moyenne 8h par nuit.

Je fais 2 machines de linge par semaine.

Je ne dépense pas une fortune en frais de garde, activités périscolaires et orthodontistes.

Je n’ai pas besoin de montrer le bon exemple.

J’ai un bureau immense pour bidouiller.

Je peux aller au cinéma le dimanche après-midi sans regarder un film pour enfants.

Je prends mon petit-déjeuner dans le calme.

Je peux décider de passer une journée en vadrouille, chez des amis, dans le jardin, à bidouiller, à bouquiner, sans me soucier des horaires.

Je peux rentrer du boulot et ne plus rien faire ensuite.

Personne ne crie chez moi.

J’ai le temps de réfléchir, méditer, penser, lire, écrire, m’interroger…

Je ne vais pas faire de burn-out parental en essayant d’être une mère parfaite et en imaginant toutes les difficultés/maladies/catastrophes/désillusions qui attendant mon enfant.

Je peux organiser une sortie en me souciant uniquement de savoir si mon mari travaille ce jour là ou pas.

Je peux profiter de notre maison que je décore avec soin sans légos et autres tétines qui trainent, sans traces de doigts sur les murs, …

Je peux dire des gros mots à la maison.

J’ai du temps.

Je ne passe pas des heures dans les aires de jeux.

Je peux m’arrêter pendant une heure quelque part pour dessiner pendant nos voyages.

Je n’ai pas besoin de tenir compte de quelqu’un d’autre tout le temps.

Je peux donner la priorité à mon couple et ne pas vivre les tensions liées à l’arrivée d’un bébé.

Quand on se balade, c’est à mon mari que je donne la main.

Je peux sortir avec juste mon sac à main.

Je ne passe pas par la case devoirs après une journée passée à l’école.

Je suis super écolo (avoir un enfant entraîne une émission de 60 tonnes de CO2 par an en moyenne).

Je ne m’inquiète pas de laisser un enfant dans un monde de plus en plus pourri.

Je vais seule aux toilettes.

Je ne renifle pas de couches.

Je ne gère pas d’ado en crise.

Je ne connais pas les joies de l’accouchement.

Je peux prendre des décisions sur un coup de tête.

Je ne fais pas le taxi et je n’assiste pas à des matchs de foot.

 

 

 

 

Be happy because it’s happened !

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Il y aura eu deux jours de chagrin terrible, le yeux bouffis par les pleurs. Et puis une grande respiration et la vie qui continue.

Cette séparation a été brutale, soudaine. Et je me rends compte que cette relation avec cette petite demoiselle était pour moi une béquille pour avancer dans ma vie sans enfant. Elle m’a été arrachée d’un coup, m’obligeant à faire complètement le deuil d’une vie de famille, même si ce n’était qu’un ersatz à temps partiel.

Avais-je sur-investi cette relation ? Sûrement … J’avais la sensation depuis longtemps que cela serait forcément douloureux à un moment ou à un autre… Mais une amie pleine d’empathie m’a fait part de cette phrase « Don’t cry because it’s finished but be happy because it’s happened ». Ce parrainage m’a beaucoup apporté, a permis d’atténuer certains regrets et je pense que nous avons réussi à embellir un peu le quotidien de cette enfant déjà bien malmenée par la vie.

Et maintenant ? J’espère réussir à maintenir un contact avec elle par des courriers, des coups de fil. Je vais lui envoyer un petit album de photos…

Et pour moi ? Je vais essayer de suivre ma petite boussole intérieure et d’attendre avant de vouloir à tout prix combler ce vide par un autre engagement… Voir de quoi j’ai vraiment envie, indépendamment des « il faut », des « je dois », de la comparaison avec les autres …

Et pour l’instant j’ai envie de voir du monde, en général, et des gens qui n’ont pas d’enfant, en particulier, … * Grâce à internet j’ai déjà pu faire de très belle rencontres (vive la Suisse…), je ne désespère pas d’en faire de plus proches de chez moi ! N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous voulez que je vous contacte par mail histoire de faire plus ample connaissance. On dirait une bouteille lancée à la mer de manière un peu désespérée, mais j’ai beau essayer de diversifier mes relations, je ne rencontre que des mères de famille !

(*Pour mes copines mamans qui me lisent, cela n’enlève rien au fait que vous êtes formidables et que je vous adore…)

 

Le retour du grand vide

Je suis heureuse comme ça. J’ai trouvé mon équilibre. J’ai fait mon deuil. Je suis passée à autre chose. 

La vie s’est bien marrée…

J’ai appris hier soir que ma petite filleule partait ce week-end pour aller vivre chez sa grand-mère à l’autre bout de la France. Décision de justice. Et je pense sincèrement que pour elle c’est le mieux possible…

Mais que c’est douloureux pour moi… Depuis un peu plus de deux ans, elle était entrée dans nos vies. De petits moments passés ensemble nous sommes arrivés à quasiment un week-end sur deux où elle était chez nous.

Il y a ses chaussons dans l’entrée, sa brosse à dents dans la salle de bain, elle a son lit, ses jouets, ses livres, …

Nous avions nos petites habitudes. Elle avait toujours des yaourts au chocolat (des liégeois) dans le frigo et réclamait des croque monsieur. On enchaînait les parties de puissance 4. On promenait le chien pour aller voir les poules. On squattait indéfiniment la balançoire dans la clairière. On lisait Le cirque de Bambini avant de dormir, une page chacune son tour.  Elle s’installait devant le poêle pour faire sécher ses cheveux après la douche. Elle me souriait de toutes ses dents pour montrer qu’elle les avait bien lavées.

On allait dans les champs, à la bibliothèque, au cinéma, au musée, au restaurant, à la cathédrale, …

Avec nous, elle a manié la visseuse, semé des haricots, fait des gâteaux au chocolat, empilé des bûches de bois, vu des loups, des cigognes et des singes, appris à lire l’heure et sa table de 5…

Ensemble on a dessiné, fait de la pâte à sel, des bracelets de perles, des bateaux en papier, des tableaux, une maison en carton, un lapin en rouleau de papier toilette, …

Petit à petit, elle a pris une grande place dans nos vies, dans notre maison, dans nos cœurs. J’avais trouvé un équilibre et un réconfort dans ces petits bouts de famille.

Et c’est fini. Brutalement.

Depuis je ne fais que pleurer. Elle va tant me manquer.

Notre pseudo vie de famille à temps partiel va tant me manquer.

Comme hors du monde

Notre dernier couple d’amis (hétéros) nous a annoncé qu’ils attendaient des jumelles pour le mois de juin. Nous sommes donc désormais le seul couple sans enfant de notre cercle d’amis … Et ça me fait mal… J’ai des amies chères à mon coeur, mais personne qui partage un quotidien similaire au mien. Je me suis même inscrite sur un site de rencontres amicales, pour l’instant sans succès. Il y a surtout des mères célibataires voulant partager leurs sorties au parc !

Samedi, j’ai fait un stage de vannerie (passionnant en lui-même). Au sujet des discussions : la différence entre être parents et grands-parents, les difficultés du dernier trimestre de grossesse, les modes de garde, les choix d’orientation et les voyages initiatiques des plus grands … Il va sans dire que j’étais la seule à ne pas avoir d’enfant.

Dans le train, j’ai commencé Petites recettes de bonheur pour les temps difficiles, un roman épistolaire entre deux femmes … qui échangent notamment conseils d’éducation et doléances maternelles.

J’ai laissé tomber pour entamer un autre roman léger, Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie. Pauline vient d’être plaquée par son mari juste avant leurs 10 ans de mariage, elle est en pleine dépression, elle vit chez ses parents, ne mange plus … mais « il reste un moment, un seul dans ces longues journées, capable de me gorger de bonheur… sa toute petite voix vient percuter mon coeur : »Bonzour Maman! Ses bras s’enroulent autour de mon cou et ses lèvres font éclater un baiser sonore et mouillé sur ma joue ».

Fais chier.

Je me suis achetée un magazine de jardinage. Heureusement il n’y a avait aucune pub pour des balançoires ou autres bacs à sable.

 

Installés

Après 3 mois de travaux très intensifs, nous voilà installés dans notre maison à la campagne.

Une nouvelle vie commence. Un nouveau départ.

Je me sens bien, juste bien… Tout simplement.

Je ne ressens plus le besoin d’écrire ici pour le moment, ni de lire les blogs de mes consoeurs d’infortune.

Je ne suis pas maman, mais je ne me définis pas par cette absence. Je ne suis pas une femme « sans ». Je suis une femme avec un mari, une jolie maison, un jardin, des amis, une famille, un métier, des passions, des envies …

Il y aura bien sûr encore des larmes qui couleront de temps en temps mais une page se tourne.

Ma vie n’est pas celle que j’avais imaginée, mais je n’en voudrais pas une autre !

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